Le permis à points avait été mis en place, si j'en ai bien compris l'esprit, pour faire réfléchir les pilotes d'automobiles sur les risques qu'ils faisaient prendre et prenaient en dérogeant pour commodité personnelle ou par distraction –tout aussi personnelle... – aux paternelles injonctions du
code de la route.
Le concept de points (le permis partiellement soluble dans la contravention) voulait , intelligement, éviter la sanction du type tout ou rien qui met dans le même panier (à salade) l'égoïste meurtrier qui double en haut de côte en troisième position et le philofélin qui dans un village désert donne un petit coup de volant à gauche pour ne pas écraser un crapaud fourvoyé ou un rescapé des chats de
Léautaud ( Laid-Auto ?...), suivant ainsi les
conseils donjuanesques de feu tonton Georges.
Mais voilà que dare-dare les radars, systèmes automatiques et incorruptibles, même si non-infaillibles, enregistrent depuis quelques mois plus d'excès que d'habitude. Cela ne retire rien à la réalité de la majorité des infractions, même si certaines ont pu faire – souvent à juste titre – l'objet de contestations amusantes.
Du coup, nous apprenons avec stupeur que le nombre de permis de conduire ainsi rendus incomplets fait, avec 20 %, un score à rendre jaloux un candidat au premier tour de l'élection présidentielle.
D'où à la fois l'émergence d'une peur – première étape vers une sagesse renforcée ? – et un nombre accru de conducteurs circulant sans permis. Il est par ailleurs et "au passage " stupéfiant que, vu l'effectif des agents assermentés qui émargent au budget de la collectivité et le nombre de contrôles subis par un citoyen à quatre roues, autant de manieurs de volant puissent circuler librement sans le papier qui atteste de leur capacité théorique à le faire.
Que font nos politiques ? Contre toute attente, cédant aux pressions de ceux qui mettent en avant "le besoin du permis pour travailler", ils décident, non pas de renforcer l'éducation civique des chatouilleurs de règlement, voire des délinquants notoires, mais d'assouplir la règle car il y aurait
trop de retrait de points.
Il franchissent sans scrupules leur propre bande blanche. Et même, imitant les motards vrombissant à contre-sens et injuriant les usagers sans imagination qui se bornent à rouler sur la chaussée qui leur est réservée,imitant les cyclistes qui brûlent les feux pour sauter plus vite sur les trottoirs slalomer entre les piétons pas trop rassurés, ils transgressent la règle commune et de bon sens qui veut que si un appareil répressif ayant eu le feu vert –si j'ose écrire – des techniciens et des représentants du peuple signale des fautifs, il faut soigner lesdits fautifs et non édulcorer l'appareil.
Si un citoyen a besoin du permis pour travailler, non seulement nous pouvons attendre de lui qu'il ménage son outil de travail, mais aussi que, plus expérimenté que le retraité amateur ou le débutant effarouché par la complexité du système et les incivilités de certains, il ait par son comportement valeur d'exemple.
Le fait d'être boucher n'autorise pas à donner du tranchoir à tort et à travers, le fait d'être journaliste n'autorise pas à écrire n'importe quoi n'importe comment, le fait d'être grand conducteur aux commandes d'une grosse cylindrée n'autorise pas à mettre les dodocheurs en danger. Ou alors, que ces amateurs de sensations (que d'ailleurs ils offrent généreusement en partage aux autres, qui n'en peuvent mais) aillent affiner leurs talents sur les bord de la moskova, où ce comportement semble, selon un article de presse récent, toléré pour quelque temps encore par les autorités.
sur le permis à points....