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  • Accueillir des activités d'écriture collaborative
  • Dissimuler un espace privé dédié à des recherches symboliques.
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5 mai 2007 6 05 /05 /mai /2007 17:07


Les éditions le corridor bleu présentent Sur les sentiers de Qohèlèth, d' Agnès Gueuret.

Le livre

Agnès Gueuret se tourne ici vers un texte du Premier Testament, L’Ecclésiaste, dit aussi Qohèlèth. Comme nous l'explique André Chouraki, Qohèlèt , קהלת , qui s'épelle en hébreu Qouf Hé Lamed Tav , a pour racine קה, Qouf Hé, le rassemblement. Le narrateur, soi disant fils de David, conjugue deux modes de rassemblement :
-d'une part il constitue, en bon maître des congrégations, un corpus de sentences, rassemblant ce qui est épars,
-d'autre part il réunit les auditeurs autour de sa prédication.
Le nom traditionnel, l'Ecclésiaste, de ce livre sacré est né de la formulation en grec -sunagôgè, συναγωγή : synagogue - puis en latin - ecclesia : église - du concept de rassemblement.

Elle associe en un livre unique trois éléments complémentaires :
-un poème rythmé qui reprend les thèmes principaux du livre biblique en douze scansions ;
-une correspondance entre deux élèves de l'auteur présumé de Qohèlèth où se mêlent discussions et exposés dans une prose fluide ;
-une douzaine de poèmes en résonance avec les paroles du sage..
Le livre est au format 11,5 x 18,5 et compte 96 pages.
Parution prévue en septembre 2007


L’auteur


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Agnès Gueuret, née en 1936, est diplômée de l'École Pratiques des Hautes Etudes. Elle y a mené :
-une étude sémiotique des deux premiers chapitres de Luc : L’engendrement d’un récit, éditions du Cerf, collection Lectio Divina, n° 113, 1981, préface de Algirdas-Lucien Greimas et postface de Pierre Geoltrain ;
-suivie par une thèse sur l’énonciation dans l’Évangile selon Luc, La mise en discours, chez le même éditeur, dans la collection « Thèses », 1987.
Son premier ouvrage poétique, Le Pas du temps, oratorio selon Luc, est paru aux éditions le corridor bleu en 2006.


La souscription

Prix de souscription : 12 €
Frais d'envoi : Un livre : 2 € ; Deux livres et plus : 5 € ; Étranger : 6 € ; Recommandé : ajoutez 4 €
Ecrire : le corridor bleu 26, rue des cocotiers 97436 Saint-Leu REUNION ou envoyer un courriel
Règlement par chèque à l'ordre du “corridor bleu”, mandat ou virement

Crédits :
Merci au site des éditions du Cerf - Comme un cerf altéré cherche l'eau vive, épigraphe choisi par Michel Bouts pour son roman Pied de Biche, adoptant une traduction un peu différente du Psaume 41 : Comme une biche languit après l'eau vive...- pour la reproduction de la couverture de L'engendrement d'un récit.
Merci à la Bible en Hébreu éditée par Oral Roberts de Tulsa, Oklahoma, en 1957, qui m'a confirmé la graphie de קהלת.
Merci à Vedhyas Virya, pour son ouvrage Kabbbale et Destinée, aux éditions Présence, qui m'accompagne dans mes recherches sur les racines hébraiques avec son chapitre consacré aux 462 permutations de la Rota.
.
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1 mai 2007 2 01 /05 /mai /2007 18:26

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Claire Castillon
Insecte
Chez Fayard


Dans insecte, il y a inceste.
Mais pas seulement.
N'étant ni mère ni fille, je ne me sens pas impliqué sur le fond dans ces descriptions de cas cliniques, ces microtomies d'une réalité malade, qui concernent il est vrai, statistiquement, et si je ne me suis pas trompé dans mon calcul, environ un quart des relations parent-enfant existantes ou ayant existé.
Ma passion des livres me pousse à mettre en forme mes impressions de lecture, même si la noire et systématique mélancolie de la narratrice, ciselant le récit des malheurs d'humanoïdes femelles médicalement modifiées m'incite à quelque réserve sur la nécessité de développer plus avant ce sujet.
Ces nouvelles n'épuisent pas exhaustivement les malformations du lien familial, mais elles en explorent de très significatives, et en quantité suffisante pour poser le problème. L'âge de l'auteur peut laisser supposer que l'expérience personnelle qu'elle mobilise, toute écriture étant naturellement autobiographique, sauf excès de dédoublement de personnalité, est plus ascendante que descendante.
La dédicace, dénuée d'ambiguïté dans son ambiguïté même, À ma mère, confirme la capacité de l'auteur à manier le scalpel de la plume pour exciser certaines adhérences infantiles.

 

Il en est des nouvelles (littéraires) comme des nouvelles (journalistiques) : le bonheur et la santé se vendent mal. Le malheur, les perversions, les traumatismes, les accidents, les malveillances attirent l'intérêt et stimulent la réflexion.

 

Dans la mesure ou la mise en scène talentueuse, méticuleuse, scrupuleuse de cette galerie de monstres peut pousser le lecteur à s'interroger :
-suis-je aussi innocent que cela, moi qui ne me reconnais pas dans ces abus de chair et d'esprit, ces sadismes ordinaires, ces meurtres sournois enrobés de sentiments vulgaires ?
-ne suis-je pas, moi aussi, sans le savoir ou oser le reconnaître, un de ces serviteurs du mauvais démon, un des sectateurs de la mort frigide, un de ces insectes dont le système de valeur échappe à toute notion d'amour ?
alors je trouve cette réflexion décapante fort salutaire, quel que soit le pessimisme qui flotte sur les eaux troubles de ces remous de vie.

 

L' insecte est un être vivant qui s'observe souvent avec dégoût, toujours avec précautions, rarement avec empathie. On le gaze, on le cloue d'une épingle, on le torture pour observer ses réactions et mettre en équations sa systémique.
Peut-être Maurice Maeterlinck et quelques autres échappèrent à cette méthodologie à la fois distanciatrice et sanitairement militante : le bon insecte est l'insecte écrasable.

Claire Castillon, insecte regardant vivre des humaines que le lien générationnel rend co-dépendantes, a plus de bienveillance que les entomologistes patentés pour ses sujets d'étude. Elle consent à leur prêter des sentiments humains, leur donne une apparence visuellement acceptable, s'abstient de terminer le travail en mettant à mort tous les phénomènes observés, leur laissant parfois la vie ou le choix du degré de morbidité du dénouement.

 

J'attends tout de même avec intérêt, dans la même série, crustacés, reptiles puis mammifères...



Rappel : sur des contributions récentes au Prix des Lecteurs de Le Livre de Poche, voir les papiers déjà rédigés au sujet de Philippe Cavelier et d' Alexis Salatko.

Crédits : merci à Patrick Swirc pour la couverture ici reproduite....

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1 avril 2007 7 01 /04 /avril /2007 17:00

Alexis Salatko, jouant sur le piano du temps, contruit un récit musicalement flexible, vraisemblable mais simultanément parsemé de décalages chronologiques qui le maintiennent dans l'ailleurs romanesque.
Il trace un univers parallèle où s'entrelacent deux destins, l'un relevant du mythe, l'autre de la mystification. Les détails de l'histoire sont presque vrais, mais subtilement décalés par rapport à la chronologie vérifiable.
Page 88 : n'est-ce pas le 1° mai 1945, et non 1944, qu'il a neigé à Paris. Je m'en souviens d'ailleurs, je la sens encore tomber sur moi...
Page 112 : n'est-ce pas en 1952, et non en 1950, que les premiers long courriers à réaction, les De Havilland Comet, commencèrent à traverser l'Atlantique ?
L'auteur utilise cette vibration des calendriers pour donner à sa construction la puissance de l'imaginaire alliée à la solidité de l'historicité.
A une réflexion sur les aspects psychomoteurs de l'interprétation des musiques, il associe une méditation sur les courants d'influence intergénérationnels dans les familles et une analyse de la construction de la personnalité en milieu partiellement hostile. Comment ne pas se laisser entrainer dans les remous de cette synchronie fantastique...

 

Horowitz et mon père (Horowitz est mon père ?) est le titre soumis en mars au vote des jurés du prix des lecteurs de Le livre de poche. Je l'ai lu.
De même que j'ai lu Le ciel t'aidera, chronique d'une femme immature, de Syvie Testud, chronique qui eût gagné à plus de concision.
De même que j'ai lu le récit pseudogogolien d'Henriette Jelinek, relatant Le destin de Iouri Voronine, genèse d'une vocation tardive orthodoxe voulant racheter les écarts de conduite d'un fils maffieux, menteur, et mégalomane, récit qui eût gagné à moins de mélodramaturgie.

 

Le travail d'Alexis Salatko ne m'a pas laissé indifférent, probablement parce que bien que n'étant ni musicien ni émigré russe,
-d'une part j'ai vécu, enfant, partie de cette guerre et de cet après-guerre qui servent de cadre temporel à son récit, en des lieux proches de ceux qu'habite le héros mémorialiste,
-et d'autre part ayant été un des rares [*] lecteurs français, entre Noël 1959 et Pâques 1960, du livre un peu confidentiel de Hans Reichenbach, The philosophy of space & time, je me suis intéressé aux distorsions temporelles et aux ouvertures spirituelles induites par le thème des réalités potentiellement  parallèles que transperce la flèche du temps, avant que la série  The twilight zone n'en fasse un des rayons de son fond de commerce.

 

Retrouver dans ces pseudo-souvenirs d'un médecin spécialiste des maladies osseuses (de quoi souffrent et le pianiste et le piano en fin de vie ?), entre autres connaissances,  le docteur Louis-Ferdinand Destouches avant qu'il ne devienne Céline, avant ausi qu' Eugène Paul, alias Gen Paul ne déniaisât, en lui donnant des leçons pratiques et particulières d'expression argotique et de comportement arsouille, cet homme dont il disait c'est un cave – le fait m'a été confirmé par un ami , qui fréquentait en son temps Gen Paul, et dont l'atelier est proche du 96 rue Lepic –  leur donne, à ces souvenirs, la touche d'authenticité qui frappe le lecteur dit  cultivé.
Bon, la prochaine fois, plus courte la phrase !

 

Les critiques que j'ai lues sur internet, quand elles ne se bornent pas à résumer l'intrigue, ne vont guère plus loin que la perception d'une littérature tendre et ironique, d'un roman d'amour filial, la restitution de l'ambiance d'une famille slave exilée...

Et Boulogne-Billancourt, qui n'est cité qu'une fois, comme site de studios et non lieu d'habitation de nombreux réfugiés russes de la haute, contraints à de basses besognes ouvrières ?
Et Nina Berberova, qui depuis deux ans a même sa rue dans le quartier Renault-Billancourt, près de l'Église orthodoxe de la rue du Point du Jour  ? Pourquoi ces absences ? Peut-être parce que dans la réalité fictive de cette relation ces événements n'ont pas eu lieu.

 

Une autre jurée de ce prix met en ligne ses impressions. Elle le fait de manière bien plus consciencieusement exhaustive que moi, et ses articles méritent consultation.. De plus, elle signale avoir accepté d'être du jury. Personnellement,  je reconnais l'avoir sollicité.


Ce livre sembe avoir eu trois éditeurs différents :
-Librairie Générale Française , qui vend à 5 €
-A vue d'œil , qui monte abruptement à 16 €
-Fayard, qui redescend en pente douce à14 €

Ceci peut rendre un peu jaloux les auteurs qui se contenteraient bien d'un seul éditeur pour diffuser leur œuvre... De même, il a déjà été récompensé par le prix Jean Freustié 2006 et bénéficie de revues de presse stimulantes. Bref, on en parle....


Était-ce une raison pour ne pas le proposer pour une nouvelle distinction ?


[*] J'ai retrouvé avec intérêt cet ouvrage cité dans la bibliographie de la thèse de doctorat en sciences de Patricia Zablit, Paris-Orsay le 17 décembre 1991, Construction de l'interprétation temporelle en langue naturelle : un système fondé sur les graphes conceptuels, page 325.
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23 mars 2007 5 23 /03 /mars /2007 15:10

Pour compléter mon papier précédent sur l'éloge de la faute...

En rangeant une partie de ma bibliothèque, je retrouve un fascicule (vingt-huit pages...) titré L'analyse grammaticale et logique du cours moyen au cours complémentaire.
Il a été commis par R. Piquemal et J. Dubroca, imprimé au centre public d'apprentissage masculin de Lisieux et distribué par la coopérative de l'école publique de Livarot.
Les auteurs débutent leur travail par cet avertissement :

 

Ce livret d'Analyse basé scrupuleusement sur la nomenclature officielle a pour but :
1-d'assurer la continuité de l'étude de la grammaire du Cours Moyen jusqu'en Troisième d'après une méthode bases sur l'observation...
2-de servir de conclusuion pratique à chaque leçon.
Nous avons voulu faire découvrir les bases qu'il n'est pas permis d'ignorer, à partir desquelles  il sera possible de rechercher la nuance ; ce qui reste un des charmes de la grammaire.

 

Ils concluent , sans en faire un fromage (?) : Ce recueil ne rapporte rien à ses auteurs, sinon la satisfaction d'avoir fait peut-être œuvre utile.
 


A noter que les exemples  au service de l'analyse logique sont tous extraits d'un conte signé d' Alphonse Daudet, très amicalement et anonymement en cette affaire aidé par Paul Arène,exploitant lui-même avec intelligence le fonds des histoires populaires provençales,  La chèvre de Monsieur Séguin.

 

Si quelqu'un en sait plus sur ces valeureux et modestes instituteurs (ou institutrices), merci de le faire savoir...
 


Crédits : merci aux Éditions du Père Castor - Flammarion - et à  André Pec pour son illustration....La version pour enfants est amputée de son incipit et de sa chute. L'histoire de la chèvre est en effet enchâssée par l'auteur dans un courrier à M. Pierre Gringoire, poète lyrique, à Paris, comme apologue des risques de la liberté...
Pierre Gringoire, poète français du XVI°, est mis en scène par Victor Hugo dans Notre-Dame de Paris et par Théodore de Banville dans la comédie éponyme.

Mon exemplaire est © Flammarion 1946, dépôt légal 3° trimestre 1949.
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3 mars 2007 6 03 /03 /mars /2007 10:04



Adeline Giustinati-Miermont vient de publier De chair et de chimères chez La Bruyère Editions.
Son premier ouvrage...

Qui publie pour la première fois connaît et l'émoi de l'entrée dans le cercle des auteurs authentiques, ceux dont le nom sert de repère à un objet-livre– son recueil à elle s'avance sous une couverture de masque blanc, de masque neutre d'initiation au statut de choryphée –, associé au titre qui porte leur espoir, et l'épreuve du doute sur l'accueil  réservé à ces phrases qu'il fallut tant de temps pour écrire et qu'il suffit de quelques moments pour lire...


Que de handicaps à surmonter maintenant pour elle :

-Les règles cruelles du compte d'auteur qui laisse trop souvent l'auteur pour compte ;

-Le tricotage patient de la diffusion, plus meutrier pour les doigts que le cal de la plume ;

-Les jugements bâclés des critiques, qui faute de pouvoir en écrire autant se bornent à rentabiliser leur stage de lecture rapide pour produire, en sautant à rebours du sommaire à la préface, via les pages 69 – si elle existe– et 13, pour y trouver les cinq phrases et surtout la citation qui feront leur recension ;

-L'indifférence polie des autres poètes, plus préoccupés de relire leurs textes que de jeter un œil sur l'œuvre de leurs consœurs et confrères, et gémissant sur le massacre de forêts engendré par l'appétit de reconnaissance de leurs concurrents ;

-La sollicitude des amis, qui ne voient pas pourquoi il leur faudrait en plus payer le recueil qui va orner leur bibliothèque, et se le font offrir en ajoutant l'attente d'une dédicace forcément personnalisée – j'ai trouvé dans des bouquineries, et aussi en vente dans le e-commerce, nombre de plaquettes ainsi adornées d'envois d'auteur, et visiblement non lues, comme en atteste l'absence de découpe, pour les éditions anciennes, ou pour les plus récentes l'état encore craquant d'une brochure calculée au juste prix, donc irréversiblement cassante.

 

Tout premier recueil est pour moi promesse obscure mais déjà chaude d'une écriture.
Premier pas dans l'univers inconnu de la littérature.
Début d'un travail de reconstruction du monde qui réussira si la patience sait s'allier à la fougue, la force des mots à la compassion des émotions, la rigueur jubilatoire du désir de communiquer  à la souplesse protectrice de l'éthique grammaticale.

 

J'ai en commun avec Adeline Giustinati-Miermont l'intérêt pour le Français Langue Étrangère. Nous fréquentons tous deux le forum de Franc-Parler.
Mon intérêt pour cette discipline est que, nul n'étant prophète en son pays, et surtout pas le poète en sa langue, il est un détour profitable qui consiste à considérer que la langue du poème n'est point la langue maternelle du lecteur, usée qu'elle est par l'indifférence née de l'usage et enfouie dans les limbes de son inconscient, et qu'il convient de traiter dans le texte chaque mot comme nouveau, chaque tournure comme exotique ou dérangeante, chaque allusion comme référencée à une culture qui serait à faire découvrir.

La chimère est un être de mélange, parfois qualifié de monstrueux, puisqu'il faut le montrer pour en prouver l'existence. L'androgyne est chimère. Le mental humain, animus et anima entrelacés, est chimère. Des symboles maclés composent une chimère  de significations.  Le poème lui même,  au delà de certaines figures du discours, n'est-il pas est chimère,  qui veut à la fois être objet transmissible et quintessence d'émotion.

 

Le peu que j'ai pu lire de son travail me pousse à croire qu'elle saura surmonter les handicaps, plus haut énumérés d'un trait point trop noir même si acide, et  qui servent aujourd'hui de Conseils à un jeune poète. Et qu'elle a aussi les ressources requises pour réussir cette nécessaire reconstruction mot à mot du monde des sens qu'est la poésie.


Et si je lui laissais la parole ?  Pour cette méditation profane sur l'épaisseur du présent...

J'abandonne
Les bras ballants
Mets le présent en attente

Je m'abandonne
A des délices sucrés
Sur des épaules salés
Quelle ivresse!
Mon amant me peint un soleil sur les lèvres
Partition de baisers qui fondent sur la nuque

Je m'abandonne
A des caresses ardentes
Chapelle de l'instant
De l'abandon
Sanctuaire de l'éphémère
Mémoire de la chair

Quand s'éclipse mon amant
Quand l'extase file entre les doigts
Je me trouve à genou
Au pied du présent
Un tissu de grâce dans une des mains

Si le corps y est présent dans d'essentielles parties : doigts, mains, bras, épaules nuque, genou, pied, traçant tout un itinéraire, les postures sont elles aussi parallèlement évoquées dans une gamme de sensations : abandon, attente, ivresse, caresse, extase, grâce qui toutes colorent à leur manière l'épaisseur d'un atome de mémoire du temps : présent, instant, éphémère, éclipse, filage....
 
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1 mars 2007 4 01 /03 /mars /2007 18:11

Dans la série Le siècle des chimères, le Livre de Poche publie, sous le numéro 37 176, Les ogres du Gange, de Philippe Cavalier.

L'épigraphe est un extrait du Mahâbhârata, le livre  rédigé par Ganesh sous la dictée du sage Vyâsa, tout comme Mahomet aurait recueilli dans Le Coran la parole de l'ange Djibril... .

Voilà un opus qui trace une image de l'Inde, réceptacle principal du récit, assez décalée par rapport à celle que nous en a donné Joseph Rudyard Kipling –encore qu'en lisant "entre les lignes", il est possible que son amitié avec Henry Rider Haggard s'explique en partie par le partage du goût des mystères ...–, et les traces partielles et simplificatrices que la non-violence de Ghandi a laissé dans nos mémoires occidentales.

 

A partir de faits réels, comme l'existence de géostratégies divergentes au sein du gouvernement anglais avant Munich (et même après...), et aussi dans les milieux des élites révolutionnaires indiennes sur la voie de l'indépendance, comme en témoignent les tentatives de Subhas Chandra Bose ( présentées sur Arte par Sacha Mirzoeff le 7 février...), et en liant le tout par une interprétation très personnelle mais défendable des mythes et pratiques magiques des sectateurs de Shiva, mêlée à des emprunts judicieux à la sorcellerie chamanique thibétaine, l'auteur nous propose un récit qui a du souffle, de l'humour, relève du réalisme fantastique – même l'irruption d'Édouard VIII "a l'air vraie" –  et porte l'attrait mystérieux d'un space- opera terrien.

 

Bien que l'enchevêtrement complexe des fils narratifs demande au lecteur une attention vigilante et une mémoire attentive, le jeu des rebondissements et les ressorts déclenchés par les énigmes à résoudre – et, subtilement, jamais entièrement résolues...–  maintiennent avec efficacité son attention, l'empêchant de sauter le moindre paragraphe.

En valorisant ainsi de manière attractive et vivante ses connaissances en matière de religions orientales, Philippe Cavalier peut donner envie d'aller au delà, et de s'intéresser aux textes fondateurs de ces cultures encore mal connues du grand public cultivé.

Ce livre figure à juste titre – si j'ose écrire, à propos de livre... – dans la sélection de février du Prix des Lecteurs du Livre de poche.
Je n'aime pas bien le substantif thriller utilisé pour repérer l'ouvrage, mot qui figure en bonne place sur la I° de couverture.
Si quelqu'un a une idée pour nommer ces récits de fiction qui  associent  faits historiques, hypothèses socio-religieuses, cultes réels et rumeurs mythiques au sein d'un scénario qui crève le plafond des réalités pour conduire à l'étage des univers possibles, je suis tout à l'écoute.

 

Pour une autre lecture de cet ouvrage, voir par exemple la contribution de Pierre Bachy sur le forum de Lire.
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16 janvier 2007 2 16 /01 /janvier /2007 09:26


Isabelle Normand sera l'invitée du CAFÉ PHILO animé par Yves Chevalier le vendredi 19 janvier 2007 à partir de 19H au LOUNGE BAR.
C'est au 1 place de la Bastille à Paris, au coin du boulevard Henri IV.
Métro Bastille, sortie boulevard Henri IV.

À cette occasion, elle présentera en avant-première Le planteur de virgules, guide pratique pour l'atelier d'écriture poétique.

Ce livre, écrit par Isabelle Normand et Marie Ketline Adodo, est édité par Castor Astral. 140 pages, couverture de Ana Sartori et préface de Jean Métellus.
En librairie à partir du 1er février...pour 13 €.



Je cite les auteurs :

Dans un pays où plusieurs langues sont parlées, il n'est pas rare que toutes ces langues cohabitent dans une même classe (scolaire). Mais souvent les différents groupes ne se comprennent pas entre eux, ne s'entendent pas, voire s'affrontent. Il faut donc bien trouver une langue commune pour que tous se comprennent.
La poésie peut jouer ce rôle fédérateur. Á travers elle, l'écoute de la langue de l'autre permet d'accepter sa différence et partager ensuite des valeurs communes. Cela développe dans la foulée le respect de l'autre, quel qu'il soit, et la perception qu'il n'y a pas de hiérarchie dans les langues entre elles, qu'elles soient écrites ou parlées;

 

Les ateliers dont il est ici rendu compte et dont la méthodologie est exposée en la déduisant d'exemples pratiques, ont été conduits au Togo par l'association Jacmelia avec le soutien de l'Organisation Internationale de la Francophonie.
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3 janvier 2007 3 03 /01 /janvier /2007 18:29

Poète et auteur de polars ?
Jean-Paul Giraux,
-co-animateur des mercredis du poète  -collaborateur de Poésie-sur-Seine,
-et de Poésie -Première,
a au moins une double vie...

Il est aussi amateur de sémantique générale :

On aura beaucoup progressé en matière de justice quand tout le monde aura admis que l'aveu d'un crime par un suspect, son expression verbale, n'est pas le crime lui-même...

Cela s'appelle L'Amérique et les yeux du poisson rouge, compte 225 pages, est édité par Éditinter , isbn-é sous le numéro 2-35328-004-8 et  vendu 17 € plus frais de port.
Se trouve aussi chez tout bon libraire, ainsi que sur les sites de la FNAC ou d'Amazon...

Crédits : merci à Colette Giraux pour l'illustration de la I° de couverture, et à la ville de Nevers pour avoir gracieusement fourni le cadre de l'intrigue.
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2 janvier 2007 2 02 /01 /janvier /2007 19:10

Paul Farellier m'a signalé la parution d’un ouvrage consacré par Christophe Dauphin au poète Marc Georges Patin (1919-1944). Cet essai biographique, critique et historique est suivi d’un important choix de poèmes. Il ressuscite pour le public une œuvre injustement occultée et, en le faisant découvrir, rend enfin justice à un poète surréaliste qui fit partie de l'aventure insoumise de la Main à Plume.
C'est Guy Chambelland qui fit le premier connaître  Marc Patin, en publiant en 1992 deux plaquettes contenant des extraits de son œuvre.

Son titre : Marc Patin, le surréalisme donne toujours raison à l'amour
Son éditeur : L G R

Crédits : merci à Paul Farellier, pour l'information, et  à l'éditeur, pour cette image de la I° de couverture du livre.

Cet événement est signalé par d'autres, loin d'ici mais si près de nous au fond...On se sent moins seul !

 

 
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