25 août 2006
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16:40
La mort, celle des poètes en particulier, n'est pas une nouveauté, mais cette catégorie que je voulais ouverte aux événements dignes d'intérêt est la seule qui puisse accueillir ce papier.
C'est à Saint-Gilles-Croix-de-Vie, hier jeudi, par les annonces du journal Le Monde, que j'ai appris que Jean Laugier avait traversé le miroir des mots, la ligne d'horizon, et dérivait maintenant sur la voie lactée.
C'est à Saint-Gilles-Croix-de-Vie, hier jeudi, par les annonces du journal Le Monde, que j'ai appris que Jean Laugier avait traversé le miroir des mots, la ligne d'horizon, et dérivait maintenant sur la voie lactée.
La ligne d'horizon exigeait tant d'audace
Et tant de soumission aux voilures du cri
Une fois reconnu l'étrange face à face,
Pour celui qui s'embarque en lisière de vie
Sur un vaisseau fantôme aux dérives des glaces.
Et tant de soumission aux voilures du cri
Une fois reconnu l'étrange face à face,
Pour celui qui s'embarque en lisière de vie
Sur un vaisseau fantôme aux dérives des glaces.
De retour, je reçus des messages à son sujet. Je viens très simplement joindre le mien à ceux de la famille des artisans en mots. Un nom à touver. Les motiers ? Les moteurs ? Les motivants ?
Deux fois j'ai rencontré Jean Laugier. Au delà de cette rencontre intime qu'est la lecture du texte de l'autre, rencontre qui aujourd'hui peut se manifester à l'autre, facilement dès lorsqu'il a arobasé l'étiquette de son espace de réception, et jadis rendait rituellement nécessaire lettre enveloppe et calligraphie d'une adresse.
Courant 1986, nous fûmes co-publiés dans New Muses, l'organe officiel de la Federation of International Poetry Association, présidée par le regretté Jeno Platty, et au comité de laquelle figurait Brigitte Level, alors présidente de la Société des Poètes Français.
Jean Laugier y paraît pages 16 à 19 ; le texte cité plus haut est extrait du poème Aux portes du miroir. Je fus subjugué par l'ampleur de l'écriture, la précision de l'expression, le souffle qui respirait avec vigueur et délicatesse dans ces poèmes qui, en langage vulgaire, tenaient la distance, sans toutefois tenir à distance. Et moi qui refuse la notion de modèle en écriture, je trouvai dans ces amples strophes stablement accentuées, toujours intelligibles même si déroutantes, à la fois fluides et solides, des éléments de poids à ajouter à mon référentiel personnel, à mon anthologie intime.
Plus modestement, je figure page 24, comme président de l'association La Jointée, accompagné d'un des poèmes inclus dans le sculpteur d'eaux, Précipitation précipitée. Un petit caillou provisoire un peu rugueux apparu par hasard à l'ombre de vastes dunes au déferlement infiniment lent.
Le mardi 5 décembre 1987, nous étions tous deux invités par le Président Didier Decoin et le Comité de la S D G L à fêter en l'hôtel de Massa les lauréats des douze prix littéraires d'automne, et les nouveaux sociétaires...Dans son édition datée du vendredi 8 janvier 1988, et en son supplément le monde des livres, le journal le Monde, probablement faute de place mais plus certainement encore parce que seule la notoriété apppelle la notoriété, censura cette information en ne citant que cinq des récipiendaires. J'ai la preuve de ce délit subtil et pervers, si familier aux grands organes de presse qui de l'omission sélective font une de leurs armes les plus efficaces.
Jean Laugier recevait le prix Campion-Guillaumet (décerné pour la première fois...) pour Visages d'une écoute, aux éditions Caractères ; j'étais honoré du prix Jacques Normand (Ça, c'est plus retro, ça date des années 1918...) pour Le sculpteur d'eaux (qui avait perdu son pluriel dans le dossier de presse...).
Je garde de la réception qui suivit le souvenir d'un homme affable et bienveillant, mais cependant ferme dans les tréfonds du coeur, et dont le passé d'homme de théâtre pouvait expliquer la présence à la fois bienveillante et charismatique.
Courant 1986, nous fûmes co-publiés dans New Muses, l'organe officiel de la Federation of International Poetry Association, présidée par le regretté Jeno Platty, et au comité de laquelle figurait Brigitte Level, alors présidente de la Société des Poètes Français.
Jean Laugier y paraît pages 16 à 19 ; le texte cité plus haut est extrait du poème Aux portes du miroir. Je fus subjugué par l'ampleur de l'écriture, la précision de l'expression, le souffle qui respirait avec vigueur et délicatesse dans ces poèmes qui, en langage vulgaire, tenaient la distance, sans toutefois tenir à distance. Et moi qui refuse la notion de modèle en écriture, je trouvai dans ces amples strophes stablement accentuées, toujours intelligibles même si déroutantes, à la fois fluides et solides, des éléments de poids à ajouter à mon référentiel personnel, à mon anthologie intime.
Plus modestement, je figure page 24, comme président de l'association La Jointée, accompagné d'un des poèmes inclus dans le sculpteur d'eaux, Précipitation précipitée. Un petit caillou provisoire un peu rugueux apparu par hasard à l'ombre de vastes dunes au déferlement infiniment lent.
Le mardi 5 décembre 1987, nous étions tous deux invités par le Président Didier Decoin et le Comité de la S D G L à fêter en l'hôtel de Massa les lauréats des douze prix littéraires d'automne, et les nouveaux sociétaires...Dans son édition datée du vendredi 8 janvier 1988, et en son supplément le monde des livres, le journal le Monde, probablement faute de place mais plus certainement encore parce que seule la notoriété apppelle la notoriété, censura cette information en ne citant que cinq des récipiendaires. J'ai la preuve de ce délit subtil et pervers, si familier aux grands organes de presse qui de l'omission sélective font une de leurs armes les plus efficaces.
Jean Laugier recevait le prix Campion-Guillaumet (décerné pour la première fois...) pour Visages d'une écoute, aux éditions Caractères ; j'étais honoré du prix Jacques Normand (Ça, c'est plus retro, ça date des années 1918...) pour Le sculpteur d'eaux (qui avait perdu son pluriel dans le dossier de presse...).
Je garde de la réception qui suivit le souvenir d'un homme affable et bienveillant, mais cependant ferme dans les tréfonds du coeur, et dont le passé d'homme de théâtre pouvait expliquer la présence à la fois bienveillante et charismatique.
Jean Laugier, je te rends la parole :
Que devions-nous héler dans la nuit sans réponse ?
Âmes errantes ou transfuges d'au delà ?
Tangible était pourtant l'insolite rencontre
–Nous regardions, yeux grands ouverts, l'ombre des ombres –
Notre odyssée posthume existait ici-bas.
Âmes errantes ou transfuges d'au delà ?
Tangible était pourtant l'insolite rencontre
–Nous regardions, yeux grands ouverts, l'ombre des ombres –
Notre odyssée posthume existait ici-bas.
Crédits : merci à Jean Laugier pour les textes, et l'image, et surtout pour la totalité de son œuvre.