Le M51 et ce nucléaire tactique que nous finançons...
Tel est le titre du
papier publié par
Nicolas Voisin sur
Agoravox le 14 avril. Il compte à ce jour 50 réactions et/ou commentaires, et son taux d'intérêt (mesuré selon les critères variables et en cours de discussion de l'équipe des rédacteurs d'AgoraVox) est de 70 %.
C'est la liste du groupe TheFreeMen qui m'a alerté sur l'intérêt potentiel de ce papier. J'as donc claqué sur le lien pour ouvrir la botte.
J'ai constaté que l'ensemble de commentaires déclenchés par le papier initial est riche et complexe, et après avoir lu tous ces points de vue, les uns plutôt sérieux dans leur argumentation et l'emploi fait des des faits avérés, les autres relevant davantage du règlement de compte verbal sous des formes par ailleurs assez simplistes, je me suis trouvé comme le cinquantième partenaire d'un tour de table dans une réunion de concertation en Préfecture (et, selon mon expérience, le cinquantième n'est pas le dernier...) :
-ou je pense que presque tout a été dit, que personne n'écoutera plus, et je passe mon tour,
-ou je me dis qu'il me faut à tout prix exister à travers un commentaire original, quitte à travestir un peu ma pensée et forcer le trait...
Premier fondamental : des armes, c'est quoi et pourquoi faire ? Tout d'abord, voyageons dans le temps.
Lorsque les arbalètes furent mises au point, les archers crièrent à la triche, et que la guerre avait changé de règles. Il faut tout de même savoir qu'une compagnie d'archers professionnels pouvait lancer en quelques minutes des milliers de traits, dont la blessure n'avait rien à envier à celle d'une baïonnette à barbes, et causer dans un carré d'infanterie autant de dommages que l'explosion d'une centaine de mines anti-personnel à fragmentation (J'ai lu ça dans Historia, où on ne rigole pas avec les faits, les textes et témoignages...).
Lorsque les armes à feu furent développées, nouvelles protestations sur ce détournement des canons (si j'ose dire) du beau combat et cette introduction du massacre généralisé, les boulets, rapidement explosifs, ignorant rondement, puis cylindro-coniquement la distinction entre civils et militaires.
Puis il y eut toute l'évolution que nous connaissons.
Sans compter les armes terrifiantes mises en scène et à feu par la Science-Fiction (donc enfouies dans l'inconscient collectif), celles qui sont en gestation dans les laboratoires, en puissance dans les investigations fondamentales des physiciens atomistes et autres chercheurs en diverses disciplines scientifiques, des plus dures aux plus molles.
La question posée par un commentateur, à savoir si les engins nucléaires sont ou ne sont pas des armes au sens usuel du terme, est un des premiers fondamentaux qui ressort de ces discussions.
Je la pose autrement :
-être une arme est-il un attribut essentiel d'un objet ou plus généralement d'un système,
-ou bien l'arme ne se manifeste-t-elle qu'à travers des manières particulières d'employer le dit objet ou système, quelle que soit la perspective visée (si j'ose, à nouveau, dire) ?
Je n'ai pas la réponse.
Mais par exemple cette approche permet de mieux comprendre les stratégies de la menace et de la dissuasion, et pourquoi pour certains l'efficacité de l'arme est prouvée :
-non par son emploi brutal (
la violence est le dernier refuge de l'incompétence, comme le disait Salvor Hardin, ai-je lu dans
Fondation),
-mais par la crédibilité de ses effets annoncés dans l'hypothèse d'un usage éventuel.
Second fondamental : le citoyen est-il capable de réflexion ? Un autre point clef, peut-être celui auquel le citoyen lambda pourrait être le plus sensible, c'est que ni la France, ni surtout l'Europe n'ont conduit de réflexion publique sur les thèmes de base de la résistance aux agressions.
L'OTAN l'a fait, mais in pectore (
la variante latine in pecto a donné en italien in petto, qui veut dire dans le secret du coeur, formule papale pour qualifier la nomination des cardinaux secrets) , car étant une alliance autour d'un traité de coopération militaire rédigé par des militaires à des fins militaires, il était et est militairement logique que le plus militaire des secrets règne sur ses délibérations.
Un commentateur a justement fait allusion à Munich : voilà ce qu'il en coûte de laisser prendre ce type de décision par des hommes qui ne sont pas "libres". les négociateurs français, Édouard Daladier, et anglais, Neville Chamberlain, étaient alors prisonniers de leur opinion publique, qui les avait fait et pouvait donc les défaire. De toutes manières, ils ont été refaits.
Édouard
Daladier fut aussi sensible à la pression de l'opinion pacifiste, majoritaire en France. Le très influent secrétaire général du Quai d'Orsay, Alexis Léger, lui aurait remis une note brève (dont la forme d'alexandrin classique est remarquable) : Rien d'irréparable avec Monsieur Hitler.
Alexis Léger, plus connu sous son pseudonyme de poète, Saint-John Perse, recevra en 1960 le Prix Nobel de littérature. On peut s'interroger...Le poète, Guadeloupéen, fut déchu de la nationalité française par l'État Français, en 1940, puis réintégré en 1944 par le GPRF. Certes, il y a des études fines, raffinées, peaufinées même, qui ont été conduites sur le thème des stratégies de défense nationale et des batteries (tiens...) de moyens tactiques à acquérir pour les mettre en ?uvre. Mais à part le défilé-plébiscite du 14 juillet, peu de consultation populaire !
Les spécialistes de la stratégie manipulent il est vrai dans leurs aréopages des concepts dont le niveau d'abstraction est ... dissuasif.
J'en sais quelque chose, pour avoir fréquenté les souterrains la théorie de jeux, et vécu la difficulté de faire assimiler à des cadres d'entreprise les principes de base d'un exercice de stratégie tel que le noble
jeu de Go, qui est certes subtil, mais pas au point que les Extrême-orientaux ne soient capables d'en maîtriser dès dix ans règles et comportements gagnants, tout comme les Arabes et les Slaves le font pour les
Échecs et les Africains pour l'Awélé (alias mankala, bouri, solo, to,ka, boke,...)
Je désespère de voir nos gouvernants, les visibles (élus) comme les cachés (technocrates) cesser de prendre en petit comité, avec en prime l'exemple édifiant d'une rare continuité de vues entre tendances politiques supposées différentes, les décisions fondamentales qui nous concernent tous, et même les autres en plus.
Pour moi, le pire n'est pas les 45 ? prélevés sur mon pouvoir d'achat pour financer le M51. Ces 45 ? sont le signe visible, le sacrement au sens le plus théologique du terme, d'une réalité secrète : la décision d'engager ces dépenses a été faite sans que j'ai jamais eu mon mot à dire.
Et, plus grave encore, ces décisions résultent de la mise en oeuvre de politiques tout aussi occultes, fondées sur des principes jamais explicités en termes intelligibles par tous, donc jamais débattus au niveau du citoyen de base (s'il en est d'autres ?).
Nous voilà donc, englués dans un système opaque, condamnés à débattre avec le soupçon d'information qui transpire ici ou là, livrés à nos peurs, soumis à nos préjugés, orientés par nos conditionnements.
J'ai l'impression que tous ces programmes (stratégiques, militaires, économiques, voire sanitaires ou culturels) ont au fil du temps acquis comme une existence autonome, que ce sont eux qui modèlent les décisions et les événements, que tout se passe comme si nous n'étions que leurs ressources humaines, leurs esclaves mentaux, leurs sujets effrayés.
La Géostratégie n'est peut-être en fait, tout comme l'Économie, qu'une science d'observation, tentant de comprendre les mystères d'un système écologique qui nous dépasse par sa taille, sa complexité, ses racines temporelles, et dont nous n'aurions pas la maîtrise. Peut-être est-il né, ce système, de nos oeuvres, mais il semble être en train d'acquérir son indépendance.
Métamorphose explosive ?
Les idées de base qui le parcourent, l'animent, le mobilisent, ont-elles une existence "en-soi", et sont-elles entrées entre elles dans une compétition ressemblant à celle des gènes égoïstes ?
A-Sommes-nous arrivés à un seuil, celui du retournement des valeurs, de l'irruption dans nos vies des desseins d'une entité qui nous dépasse ?
B-Comment faire pour
résister à cette tendance ?
C-Comment reconquérir le droit de participer à ces décisions qui conditionnent notre destin, et celui de nos enfants, et des enfants de nos enfants, et de tous les enfants du monde ?
En parler ensemble est une première étape.
Peu importe pour ce faire qu'il y ait ou non quelques approximations dans le déclencheur du débat (ici, le papier de tête).
Peu importe même que certains, peu entraînées encore aux règles du jeu de cette construction collective, en viennent aux mots faute de pouvoir en venir aux mains ; leurs petits dérapages sont contrôlés par les autres commentateurs, en attendant qu'ils le fassent d'eux-mêmes.
Bon, j'ai tout de même trouvé quelque chose à apporter...mon désir est que cet apport ne soit pas original, mais partagé, ou du moins partagé....
En guise de conclusionIl y a au dessus de nos têtes une énorme source d'énergie et de rayonnements, qui se nomme M51. Autre
objet catalogué par
Charles Messier...Cette galaxie spirale est, c'est astro-logique, située dans la
constellation des Chiens de Chasse, alias Canes Venatici, ou encore Canes Venaticorum. Nous voilà bien en pleine poursuite de l'intrus, ou de la cible, ou du gibier.
Le nom de baptême de notre engin résulterait-t-il d'un clin d'œil des X+SupAéro qui noyautent harmonieusement la DGA, érudits en astronomie et experts en cryptologie, ou bien relèverait-t-il d'une
coïncidence significative ?
Selon la DGA, le
programme M51 fait partie du
programme d’ensemble Coelacanthe.
Le coelacanthe - Latimeria chalumnae-
alias vieux quadrupède, est actuellement considéré comme l'ancêtre des vertébrés terrestres, et est assez bien connu grâce à un fossile vieux d'environ 200 millions d'années. On croyait l'espèce disparue depuis des lunes (qu'en penserait Immanuel Velikovsky ?) lorsqu'en 1938 on captura par hasard un coelacanthe (qui d'ailleurs se permit, dit-on, de mordre le capitaine du navire) au large de la rivière Chalumna (d'où son nom...) sur les côtes de l'Afrique du Sud (voir à ce sujet dans la revue Nature, n° 143, année 1939, pages 455 et 456, l'article de l'ichthyomologiste James-Leonard-Brierley Smith, a living fish of mesozoic type).
De longues recherches ont permis, en 1952, de préciser son habitat : l'archipel des Comores (thèse contestée ; il ya aurait deux variantes du coelacanthe). En 1975, on découvrait son ovoviparité, en capturant une femelle portant en gestation cinq jeunes ressemblant parfaitement à l'adulte.
Nous pouvons à nouveau nous interroger ; les mots de code sont rarement issus d'un tirage aléatoire au sein d'un corpus.
Le but du programme d'ensemble est-il de permettre la survie cachée d'une espèce menacée (homo sapiens sapiens) ou de faire des humains survivants des fossiles vivants ?